Bruges - Europe

« L'Europe est un despotisme éclairé et doux »

Dans son billet du Figaro-Magazine de ce week-end, Eric Zemmour attribue cette citation à Jacques Delors. Voici le texte complet de la formule, que l'on trouve dans les mémoires de l'ancien président de la Commission :

Je connais les mérites, mais aussi les limites, de la méthode des pères fondateurs, une sorte de doux despotisme éclairé. Une méthode saint-simonienne qui consacre la compétence et l’indépendance d’esprit comme principe de légitimité, sans toujours s’assurer à l’avance du consentement des peuples. (…) Cette méthode Monnet se justifiait au début de l’aventure. Mais, n’ayons pas peur de le dire, cette politique – semi-clandestine – n’est plus possible et le moment est venu de rompre avec la méthode des pères fondateurs.

On sait ce qu'il en est :  depuis la publication de ce texte en 2004, l'UE se braque dans une démarche de plus en plus autoritaire.

Zemmour décrit par ailleurs bien l'impasse politique actuelle :

Le grand combat politique des vingt dernières années entre fédéralistes et souverainistes s'achève dans un champ de ruines. Tous perdants. [...] Ne restent que des européistes sans le peuple et des eurosceptiques sans le pouvoir.

Henri Védas

Euroscepticopessimisme (2)

Mon post d'hier, rapportant ce qui semble être une vague de pessimisme chez les eurosceptiques anglo-saxons, inspire cette réflexion à Yves Daoudal

[J]’ai toujours été sceptique… quant à l’axe de combat de Georges Berthu, qui est précisément l’appel aux principes de la démocratie contre les pratiques de l’UE et contre les traités européens. Georges Berthu, du temps qu’il était député européen (MPF) a écrit des livres tout à fait remarquables – de référence, même - sur les traités européens. Mais j’ai toujours été gêné par le décalage entre ses lumineuses analyses et ses appels à respecter la démocratie.

En effet, les eurocrates se moquent totalement de la démocratie. Si l’on s’en tient à la défense de la démocratie on peut finir en effet par être découragé.

C’est pourquoi l’angle d’attaque ne peut pas être celui-là, qui du reste est très faible compte tenu de l’enjeu. Car il s’agit de la survie des nations d’Europe, de leur souveraineté. Et c’est seulement sur ce terrain-là que le combat a un sens.

Je diffère sans doute de Yves Daoudal sur ce point : personnellement, le fait que je consacre un blog à ce sujet, plutôt qu'à un autre, est très largement motivé par le fait que l'UE fédérale naissante n'est et ne sera ni une démocratie, ni une "société ouverte" au sens popperien, ni un réel Etat de droit.

Mais le fait que l'UE ne remplisse pas ces trois critères n'est pas un accident : je rejoins l'universitaire américain Bruce Thornton pour dire que c'est par nature que l'UE est "totalisante, sinon totalitaire" précisément parce qu'elle nie les souverainetés.

En tout état de cause, l'euroscepticopessimisme que j'évoque prend acte de l'indéniable tournant anti-démocratique pris par le système-UE depuis 2005.

Henri Védas

Euroscepticopessimisme

Une vague de découragement semble gagner le mouvement eurosceptique - anglophone, du moins : le glissement anti-démocratique de l'UE, et l'indifférence des peuples à cette dérive, semble fermer tout espoir de combattre avec succès la centralisation fédéraliste.

Le blog eurosceptique de référence, EU Referendum, déclare, lui que l' "euroscepticisme est mort", et envisage même de cesser son activité : considère le combat anti-Lisbonne comme perdu, et se lamente de l'échec des eurosceptiques à présenter une alternative sérieuse aux fédéralistes, donnant à ces derniers une victoire par défaut. L'UE fédérale paraissant inéluctable, les anti-UE passent pour des "râleurs professionnels".

L'universitaire eurosceptique John Laughland n'est pas loin, lui non plus, de jeter l'éponge :

Les eurosceptiques ont tort de croire - pour le moment, du moins - en une renaissance politique de la démocratie. Il y a certes eu, dans le passé, des poussées de sentiment anti-UE, et plusieurs se sont même exprimées dans des référendums, mais l'UE se contente de les ignorer [....]. Dans tous les cas, elle fait ce qu'elle veut, sans que la légalité ou la démocratie ne soient des obstacles. De ce fait, faire appel à la démocratie est largement inutile, les occidentaux étant plus préoccupés de leur bien-être matériel que de leurs droits politiques.

Laughland n'a pas tort : pour preuve, le contraste entre la claire conscience qu'ont nos concitoyens de la manoeuvre opérée par leurs dirigeants pour contourner leur vote sur le TCE, et le manque résigné d'opposition à Lisbonne, sauf dans la baisse de M. Sarkozy dans les sondages.

HV

Du souverainisme au conspirationnisme ?

C'est le rêve des fédéralistes : que les eurosceptiques se discréditent définitivement en se fondant dans un magma intellectuel marginal et conspirationniste. Le site Observatoire de l'Europe, une des références du souverainisme, fait un pas dans cette direction en publiant un texte anti-Lisbonne de la femme du conspirationniste américain Lyndon LaRouche.

HV